Eléments historiques et conceptuels du metal
Nous n’aurons malheureusement pas le temps de nous consacrer à une étude approfondie et complète du metal, tellement cette musique a évolué depuis la fin des années 60 et début des années 70. Je vous renvoie à cet arbre célèbre d’Eric Lestrade que vous pourrez également trouver sur metalmaniax, ainsi que dans la thèse de Matthieu Metzger.
Il y a également l’ouvrage du Père Robert Culat, « l’Age du metal » qui en son annexe 11, établit un glossaire des principaux types de metal. L’avantage, c’est qu’il est écrit par des journalistes spécialistes du genre metal, l’inconvénient, c’est qu’il ne prend pas les catégories de metal selon leur ordre chronologique, mais les traite par ordre alphabétique. En liant et le tableau de Metalmaniax et l’annexe 11 de l’ouvrage du Père Culat, nous pouvons avoir une idée assez précise de l’histoire de la musique metal.
Nous ne pourrons pas tout traiter, le glossaire du Père Culat étant déjà un résumé contenant lui-même 26 pages, et nous nous contenterons donc d’un résumé de résumé. Néanmoins, nous traiterons des évolutions du metal par ordre chronologique.
1°) Hard rock et Heavy Metal (1969)
Avant de s’appeler « Metal », cette évolution du rock était désignée soue le terme « Hard rock ». Le journaliste Alain Dister a tendance à en faire deux mots synonymes. Selon Romain Borget, ce n’est que vers la fin des années 70 début 80 que le terme se distinguera, avec la New Wave Of British Heavy Metal. Il n’y a donc pas lieu de s’offusquer parfois de la confusion qui peut être faite entre « Hard Rock » et « Heavy Metal ». Les distinctions entre les deux genres sont des moins évidentes.
Cette précision étant établie, l’évolution du rock vers un son plus « hard » se fait en parallèle dans deux pays différents, sans même qu’un lien puisse être clairement défini : en Grande Bretagne d’une part, avec Led Zeppelin, Black Sabbath et Deep Purple, et aux Etats-Unis d’autre part, avec Steppenwolf et MC5.
Hard rock en Angleterre
Selon Christophe Pirenne, l’évolution du rock vers un son plus « hard » vient d’abord d’une demande du public adolescent des pays industrialisés qui avaient découvert le son blues électrifié par les guitares de Howlin’ Wolf ou Muddy Waters. Ce sont les Rolling Stones et les Who qui avaient commencé à populariser ce son à travers la Grande Bretagne.
Laissons Christophe Pirenne (encore) continuer : « Mais la généalogie du hard rock ne s’arrête pas à la médiation du blues rock. D’autres composantes afro-américaines y sont également essentielles. Dans leurs démêlées avec le diable, Robert Johnson et Howlin’ Wolf lui entrouvrent les portes du satanisme. Par l’entremise de ses comportements et de ses hurlements, James Brown désinhibe des générations de chanteurs blancs (…). Par sa virtuosité, Jimi Hendrix donne à la guitare, son statut iconique du rock (…) »
Led Zeppelin
A l’époque de l’explosion du marché des « singles » au début des années 70, Led Zeppelin (quatuor composé de Jimmy Page, John Bonham, Robert Plant et John Paul Jones) va se distinguer en organisant chacun de ses disques, de la composition des morceaux à leur production, des arrangements aux illustrations des pochettes également, donnant dès le départ au mouvement propre au hard et ensuite au metal, un soin nouveau sur la thématique propre à un album de rock. Pourtant, l’album phare du groupe, son chef d’œuvre n’a pas de nom. « Je suis contre le fait de sortir des titres d’albums en simples, ces deux marchés n’ont rien à voir l’un avec l’autre » déclare t’il (in Cabala, Led Zeppelin Occulte de Pacôme Thiellement, p 22). Les thématiques abordées par le groupe tournent autour de l’occulte. A propos de l’album sans nom (Led Zeppelin IV) un des commentateurs s’exclamera : « c’est un blockbuster hermétique, un mega-hit ésotérique ». Stephen Davis, leur biographe confirmera : « un culte mystérieux qui compte plusieurs million d’initiés ». Telle est la thématique lancée par les pères du hard et du metal… Jimmy Page était ainsi un fervent admirateur d’Aleister Crowley et avait acquis son manoir Boleskine House en 1970, tandis que Robert Plant vouait un quasi-culte en la personne de Richard Francis Burton plus que soupçonné d’accointance avec l’occultisme. Sans doute serait-il intéressant de décrypter les personnalités propres au Zeppelin, mais le temps et la disponibilité du blog nous manque, et nous vous renvoyons donc à la très belle étude réalisée par Pacôme Thiellement. Par ailleurs, nous aurons l’occasion également d’approfondir le sujet de l’influence de l’occultisme et du satanisme dans le rock. On doit notamment à Led Zeppelin la fameuse chanson « Stairway to Heaven » (dans l’album sans nom) et « Whole Lotta Love », cosignée par Robert Plant et Jimmy Page, mais en réalité ce titre est de Willie Dixon (« We need Love » est le titre exact). Le groupe disparaîtra après la mort de John Bonham en 1980 (il meurt étouffé dans son vomi suite à une overdose d’alcool).
Black Sabbath
Selon Christophe Pirenne, « c’est toutefois à Black Sabbath qu’il allait appartenir d’exploiter de façon beaucoup plus systématique et tout aussi influente la face sombre du hard rock. ».
Tout commence avec leur premier album intitulé comme le nom du groupe : "Black Sabbath" (1970). Dès la première chanson, tout est dit. Elle s’intitule également « Black Sabbath ». Ce titre est à la fois sur le plan musical et sur le plan de la thématique un titre précurseur d’un large pan du metal. En ralentissant le rythme en dessous de 120 BPM, Black Sabbath va jeter les bases du « doom ». L’un des groupes les plus représentatifs de cette future scène, « Candlemass » l’avouera explicitement. Egalement, la thématique usitée ne laisse que peu de place au doute. Dans le titre « N.I.B », le chanteur Ozzy Osbourne se représente lui-même en Lucifer. Mais paradoxalement, cet album ne recueillera auprès du public qu’un succès relatif. Le second album « Paranoïd » connaîtra un succès plus important. Ozzy Osbourne quittera le groupe en 1979.
Notons également que depuis que le groupe existe, ils ont écoulé plus de 100 millions d’album, ce qui, « pour un groupe systématique détruit par la critique et ignoré des médias » (Christophe Pirenne, p 241) est un exploit (Tout comme pour Led Zeppelin d’ailleurs).
Deep Purple
Contrairement à Black Sabbath, Deep Purple est plus intéressé par la musique que par des messages occultes, voir diaboliques. Le premier album du quintette (Ian Gillan, Ritchie Blackmore, Roger Glover, Jon Lord et Ian Paice), le « Concerto for Group and Orchestra » (1969) fut pourtant un échec et est, selon Christophe Pirenne, assez éloigné des principes du hard rock. Néanmoins, il est une de ces démonstrations de l’interpénétration des techniques de musique classique avec les méthodes propres au rock n’roll. C’est également un album qui met à mal l’idée qu’un titre de rock ne doive faire qu’entre deux et trois minutes pour faire un tube. C’est également l’idée que la musique peut être plus importante que les intérêts financiers.
Même si cet album fut plutôt mal accueilli, il contribua néanmoins à la popularité du groupe qui s’était dans un premier temps essayé à établir des passerelles entre musique rock et musique classique, et cela est pourtant une des caractéristiques propres au hard rock, nous y reviendrons.
C’est surtout avec l’album « Machine Head » (1972) que le groupe gagnera sa popularité, avec notamment la chanson "Smoke On The Water" , dont le riff est un modèle du genre metal, du rock… peut-être encore plus connu que la chanson en elle-même.
Résultat : Deep Purple a écoulé plus de 100 millions d’albums à ce jour.
Heavy metal en Amérique
J’ai choisi délibérément d’intituler cette sous-partie « Heavy metal » plutôt que « Hard Rock » à cause de Steppenwolf (Groupe canadien de Toronto). Pourtant, lorsque le son hard (et plus tard metal) se propage aux Etats-Unis, à partir de 1968, on parle de « hard ». Ce n’est que bien plus tard que le terme « heavy metal », puis « metal », supplantera le terme « hard » et qu’on ferra une distinction entre le son « hard » et le son « heavy metal ». Christophe Pirenne préfère quant à lui parler de « Hard rock américain », mais pour Romain Borget, « on parlait volontiers de « Hard rock en Grande Bretagne et de Heavy Metal aux Etats-Unis. »
Comme nous l’expliquions dans notre introduction, l’évolution du rock vers un son plus « hard » se fait en parallèle dans deux pays différents, sans même qu’un lien puisse être clairement défini : en Grande Bretagne d’une part, avec Led Zeppelin, Black Sabbath et Deep Purple, et aux Etats-Unis d’autre part, avec Steppenwolf et MC5.
Christophe Pirenne explique : « (…) au milieu de la décennie (ndlr : les années 1970), les amateurs de blues rock, de riffs et de distorsions (ndlr, voir nos développements infra) font partie du mainstream et n’effraient plus guère de monde. Aux Etats-Unis, les condamnations étaient intervenues plus tôt, en pleine période psychédélique, lorsque Steppenwolff (…) avait publié le fameux « Born to Be Wild » (1968) et MC5 le non moins fameux « Kick Out the Jams » (1969). »
Steppenwolf
Le terme « Heavy Metal » provient de leur chanson "Born to be Wild" qui constitue avec « The Pusher », la bande originale du film « Easy Rider ». Ce n’est ni plus ni moins l’hymne des “Hells Angel”.
Ce titre sera repris par Blue Öyster Cult. Le son « Heavy Metal » ne correspondrait il pas à quelque vrombissement de Harley Davidson que se plaît à introduire Hammerfall dans leur titre : "Renegade" ?
Mais si on en croît Alice Cooper, le terme « Heavy Metal » a été utilisé pour la première fois pour qualifier sa musique (in « Voyage au cœur de la Bête », reportage télévisé de Samuel Dunn). Bref… chacun y va de sa petite interprétation, et nous n’osons pas entrer dans cette polémique sans fin. S’il semble que certains artistes aient voulu tirer à eux-mêmes la paternité d’un genre musical (ce qu’on rencontrait dès le début du rock avec Alan Freed), ce sont plutôt les observateurs de la musique qui ont semble t’il nommé les évolutions du rock et du metal.
2°) Heavy metal (New Wave of British Heavy Metal) (par dissociation du Hard rock) (1980)
Si on en suit Romain Borget, « le Heavy Metal est le descendant direct du hard rock dont il se différencie par ses riffs acérés, son chant aigu, ses grosses rythmiques et ses solis endiablés, mais aussi et surtout par la perte d’influence blues rock chère au hard rock ».
L’un des groupes phare qui permet cette transition entre le hard et le heavy est AC/DC. En 1977, ce groupe australien sort le titre « Let There Be Rock », qui constitue, selon Christophe Pirenne, l’une des genèses du Heavy Metal :
« Let there be sound, and there was sound, Let there be light, and there was light, Let there be drums, there was drums, Let there be guitar, there was guitar, ah. Let there be rock.”
Tout est résumé dans ces quelques phrases : le metal a besoin de son… de gros son. Deep Purple qui détenait le record de volume sonore sera détrôné par Manowar en 1984, dépassant largement les 120 décibels autorisés. Cela fonctionne avec une amplification de la musique, rendu effrayante de par sa puissance par les fameux amplis Marshall « Master Volume ». Le metal, c’est également le jeu de lumière. Les chorégraphies scéniques autour du metal (mais pas que) vont peut à peu mettre le groupe dans la lumière, tandis que le public restera dans l’ombre. Le metal a besoin de percussions. Le tempo utilisé sera tantôt des plus lents, avec le doom, tantôt des plus rapides avec le thrash et le speed. Quoiqu’il en soit, il faut que ça cogne… John Bonham (Led Zeppelin) avait montré la voie, et nombre de batteurs vont s’en inspirer. Le metal a besoin de guitares. Bien que le hard utilisait des claviers (Deep Purple), l’utilisation de la guitare deviendra quasi systématique dans le metal.
Hormis qu’AC/DC va conserver la voix « blues » propre au hard, les groupes de heavy metal vont avoir une certaine tendance à l’abandonner.
L’une des figures de proue de ce New Wave Of Britsh Heavy Metal et qui deviendra « Heavy Metal » est le groupe Iron Maiden. Mais on peut y joindre sans que cette liste soit exhaustive : Venom qui donnera le nom d’un de ses albums à une autre mouvance de metal, le black Metal, mais également Def Leppard, Saxon, Diamond Head, Van Halen.
3°) Thrash Metal (1982)
Quelques mots sur le thrash : cette évolution du metal provient de la fusion entre le punk et le heavy de la New Wave Of British Heavy Metal.
Le punk était une musique rock d’opposition des années 70. « Punk » signifie en argot londonien « dégueulasse, crade ». L’une des plus grande figure du « Punk » est le groupe « Sex Pistols ». « Thrash » signifie « écraser, battre à plat de couture ».
Selon Romain Borget, « l’essence même du thrash est résumée dans cette démo : une caisse claire martelée à une vitesse hallucinante, des riffs agressifs, étouffés et rapide, des soli déjantés, un chant s’apparentant à des rugissements, et une production minimaliste ».
Le groupe phare de ce mouvement est Metallica, avec sa démo « No Life Till’ Leather » (juin 1982), mais également avec des albums comme « Kill’Em All » et « Ride the lightning », sans oublier l’un des titres mythiques de Metallica qui selon moi, constitue l’exemple même du thrash : "Master of Puppets". Mais on peut également rajouter sans que cette liste soit exhaustive : Slayer, Anthrax, Megadeth.
4°) Death Metal (1983 -1984)
Selon Raymond Bernard Durand, « le death metal apparaît vers le milieu des années quatre vingt aux Etats-Unis, particulièrement en Floride, comme une radicalisation du thrash metal. A la suite de quelques précurseurs (Possessed, Master), le genre est véritablement fondé par le groupe « Death » (qui lui laissera son nom). Les premiers albums de Death vont définir le thème essentiel : tout ce qui touche à la mort de près ou de loin. Morbid Angel fondera pour sa part une tradition davantage portée sur l’occultisme et le satanisme ». Parmi d’autres influences du Death, on peut également citer Venom, et Slayer. Selon le chanteur du groupe Venom, Cronos (de son vrai nom Conrad Lant) « le death metal, c’est fondamentalement (…) violer, tuer, éventrer, mutiler, égorger… tout est là » (Gary Herman, p 240).
5°) Doom Metal (1986)
Si le style de musique remonte dès le premier titre de Black Sabbath, il faudra attendre la sortie de l’album « Epicus Doomicus Metallicus » du groupe suédois Candlemass pour que le genre soit qualifié. Se référant également à une thématique sombre, le terme « Doom » signifie « destin funeste ». Le groupe Candlemass dans la lignée de Black Sabbath suit également une thématique occulte, voire sataniste. Parmi les autres figures du doom : Saint Vitus, Trouble et The Obsessed.
Le doom est peut être l’un des genres les moins populaires du metal. Peut-être est il besoin d’une certaine forme d’initiation ?
6°) Black Metal (début des années 90)
Le terme « Black Metal » provient du titre d’un album de « Venom » à l’iconographie révélatrice . Elle représente ni plus ni moins que la tête de Baphomet. Le groupe sera parfois plus explicite en utilisant une iconographie calquée sur celle de la Church Of Satan de La Vey. Voyez plutôt : ici. Ce terme est utilisé pour la première fois pour qualifier une musique sombre et violente ornée d’un chant guttural par des groupes norvégiens issus de la lignée Death Metal : Mayhem, Darkthrone, Immortal et Burzum. Il sera lié à un des faits divers les plus sombre de l’histoire du rock n’roll, le fameux « Inner Circle ». Tout commence avec le suicide du chanteur de Mayhem : Dead. Selon Bertrand Garnier, « la légende veut que le leader de Mayhem, Euronymous, après avoir découvert le corps de son ami, ait prélevé des copeaux d’os afin de confectionner des colliers. Une photographie du corps sans vie de Dead sera en outre utilisée pour illustrer le bootleg de Mayhem « Dawn of the Black Hearts » (1991). Certains membres de l’Inner Circle, dont le leader Varg Vikernes seront ensuite poursuivi pour une série d’actions pyromanes contre des Eglises (…). La série noire de l’Inner Circle culmine et prend fin le 11 août 1993, avec le meurtre d’Euronymous, assassiné de 23 coups de couteaux par Varg Vikernes. » Les raisons de ce meurtre n’ont jamais été réellement élucidées, Varg Vikernes en prenant pour 21 ans de prison. Aujourd’hui libre, tout en dénigrant le genre « black metal », il s’est expliqué sur ce que signifiait ce mot pour lui sur Radio Metal.
Notons également que le groupe Craddle of Filth a utilisé la technique très controversée du « Backward Message », dans un titre a priori sans texte : la chanson Dinner at Deviant’s Palace. La version inversée est ici. Nous reviendrons ultérieurement sur cette technique, semble t’il initiée en musique par les Beatles, du moins d’après le Père Jean-Paul Regimbald…
Si tout le Black Metal n’est pas à proprement parler sataniste, les groupes les plus populaire que sont Dimmu Borgir ou Craddle of Filth le sont. D’autres sont antichrétiens (Marduk), souvent antireligieux (Mayhem, Taake), et régulièrement païens (Burzum).
Si l’on ne peut pas prendre à la légère les propos des organisateurs du hellfest quand ils disent que « la nature du black metal est sataniste et anti chrétienne », l’erreur à ne surtout pas commettre serait de faire une fixation sur ce genre metal et ignorer les autres genres : l’occultisme, l’anti christianisme et le satanisme ne sont pas l’apanage du black metal.
Nous arrêtons ici cet historique du metal, mais il existe d’autres genres, comme le Metalcore, l’Industriel (Marylin Manson, Ministry), le Nu Metal (Linkin Park, System of a down), le Grunge (Nirvana), le Viking Metal (Amon Amarth), etc... Les lecteurs voudront bien excuser ce survol de l’histoire du metal… Je n’avais pas l’intention au départ de digresser sur ce thème, mais compte tenu de certains commentaires qui m’ont été faits, j’ai estimé que c’était nécessaire.
Eléments conceptuels du Metal
Nous ne ferons également qu’un résumé… Le metal peut être rapide, très rapide voire trop rapide. La fréquence de percussion d’un groupe comme Deicide est hallucinante, bien supérieure au traditionnel 120 BPM. Elle peut être également très lente, comme dans le doom Metal.
Les voix utilisées peuvent être claires (comme dans bon nombre de groupe de la New Wave Of British Heavy Metal, comme Iron Maiden). Mais le Black Metal et le Death Metal font souvent appel à la technique du guttural voice, comme Dimmu Borgir.
En outre, comme je le précisais en introduction de cette partie ayant trait au contenu du Rock, les artistes n’aiment pas les catégorisations. Il serait effectivement réducteur de réduire le metal, et plus généralement le rock, la musique et l’art à des frontières trop définies. Un groupe comme « System of a down » fait des incursions dans le reggae, « Linkin Park » dans le rap et l’electro pop.
Mais au-delà de ces considérations, qu’est ce qui fait qu’un titre de rock sera « metal » et pas autre chose ? Quatre éléments à notre sens, qui se surajoutent aux deux éléments que nous avions déjà perçus à propos du rock (rythme et basse continue) : l’amplification du son, les percussions (propres au metal) le riff, et la pratique de la distorsion.
1- Let there be sounds
Le metal a besoin de son. De gros son. Conséquence : la musique doit être amplifiée. Ceci permet également d’expliquer l’instrumentation utilisée dans le metal. On peut utiliser beaucoup d’instruments dans le metal, et même des instruments traditionnellement utilisés dans le classique. Ceci rejoint les déclarations de Bob Ezrin (producteur d’émissions de télévision) qui soutient que « la musique heavy metal a clairement des origines classiques. Les meilleurs musiciens de heavy metal ont probablement tous été influencés par la musique classique la plus sombre ; de la musique classique qui a une saveur plus sinistre comme Wagner (…). Il (Wagner) a tellement changé le registre grave de la musique que les murs en tremblaient. C’était la première fois que les gens entendaient ce genre de sonorité. » (In « Voyage au cœur de la Bête », reportage télévisé de Sammuel Dunn, déjà cité).
Il peut être fait appel à des orchestrations de type classique comme on peut le rencontrer chez Dimmu Borgir. On peut y rencontrer des voix proche des sonorités de l’opéra comme Nightwish, selon la voie initiée par Deep Purpple, comme nous l’avions indiqué plus haut.
L’appel à des techniques classiques n’est pas systématique, quoique très courante, mais l’amplification l’est.
2- Let there be drums
Le metal, comme le rock d’ailleurs, a besoin de percussions. Mais il y a une particularité : à l’image de John Bonham (batteur de Led Zeppelin), il faut que ça cogne. Comme l’explique Matthieu Metzger : « La batterie, tout d'abord, doit être la plus percussive possible. Ce son est obtenu soit en tendant suffisamment les peaux des toms et de la grosse caisse puis en étouffant les résonances grâce à du tissu ou des gommes spéciales, soit en détendant à l’extrême les peaux pour éviter cette résonance et obtenir une attaque puissante. C'est ici une manière de préparer la percussion devenue presque systématique dans cette musique. Le volume sonore global étant très élevé, les amplificateurs des guitares peuvent facilement couvrir le son de la batterie ; celle-ci doit donc être sonorisée aussi. Dans le même ordre d'idée que la préparation physique, et que ce soit pour un concert ou un enregistrement, la résonance naturelle provenant de chaque fût est parfois tronquée, c'est à dire qu’un noise gate est appliqué sur la piste de la table de mixage correspondant au microphone de l'élément de batterie.
Il en découle que l'auditeur n'entend qu'un élément sonore significatif de l'instrument de percussion, ce qui le définit en premier lieu, c'est-à-dire l'attaque. Ce procédé a aussi son explication pratique, car sur une scène au volume sonore important, toute résonance trop longue (comme cela peut être le cas dans un fût) peut faire « tourner » le son jusqu'à l’effet larsen. »
3- Let there be guitar
Même si le metal peut faire appel à des sons électroniques, l’utilisation des guitares est systématiquement de mise. Deux techniques sont utilisées : le riff et la distorsion.
Le riff
Utilisé dans le jazz au départ avec des instruments à vent (Duke Ellington), le riff a peu à peu glissé vers les instruments à corde, et notamment la guitare (mais également le violoncelle pour le cas particulier d’Apocalyptica)… Selon Alan Moore, le riff correspond « à une idée simple destinée à être répétée » (In Matthieu Metzger, cité plus haut).
Comme l’explique Matthieu Metzger, le riff est d’abord d’essence rythmique. « En effet, que ce soit avec le Jazz, le Rock, ou les musiques Techno, le riff est toujours lié, dans un premier temps, à une tradition de musique dansée. De plus, un sample ou une mélodie, voire juste une note de guitare, n’ont pas obligatoirement de potentiel rythmique intéressant quand on ne les joue qu’une seule fois. C’est la répétition qui va apporter d’abord une certaine légitimité mais aussi un rythme, puisque qu’elle va créer un cycle - nous pouvons aussi noter que cette répétition va induire un certain mode au sens large (échelle de hauteurs, voire de sons) »
Ce même Matthieu Metzger explique également que cette notion de riff s’oppose à l’idée classique de la musique, puisque dans la musique classique, la mélodie reste la composante essentielle de la musique (selon Haydn : l’âme de la musique) : « Le riff est donc une notion éloignée de l’idée classique du thème ; en revanche, il s’approche de celle du motif, et de la basse obstinée ».
En d’autres termes, le riff va se construire autour du rythme pour constituer la mélodie de la musique. On est assez loin des thèmes mélodiques proposés dans les « lieds » de Liszt ou Dvorak (par exemple, la « symphonie du Nouveau Monde »).
La distorsion
Il s’agit plus d’un phénomène acoustique que musical… Dans l’histoire du rock et du metal, l’apparition des amplificateurs a permis de transformer les sons. Selon Christophe Pirenne, il s’agit d’une règle fondamentale du hard rock (et donc du metal), de même pour Matthieu Metzger.
Laissons Christophe Pirenne nous expliquer : la distorsion « consiste en la transformation du signal sonore entre le moment de son émission par l’instrument et celui de sa diffusion par les haut-parleurs. L’une des possibilités élémentaires de saturation consiste à mettre l’amplificateur à fond (…). La saturation sonore crée deux effets principaux : une stabilité harmonique, et un important sustain (c’est ce qui permet de prolonger une note de façon quasi permanente) »
Grace à l’amplification des instruments, il devient alors possible « de faire naître des sonorités en dessous de la tessiture habituelle de l’instrument. » (Christophe Pirenne, p 238).
Dans le prochain billet, nous traiterons des problèmes suscités par le rock n’roll.
SOURCES
- http://matthieu.metzger.free.fr/memoire/intro.html (remerciement spécial à Kaka pour cette source ! )
- « Le rock n’ roll, viol de la conscience par les messages subliminaux. » (Père Jean-Paul Regimbal, éd. Croisade, 1983, Genève)
- « Punkrockers !» (Alain Dister, éditions Vade Retro en couverture Editions du Collectionneur octobre 2006 sur presse d’Horizon à Gémenos – France)
- « L’âge du rock. » (Alain Dister, découverte Gallimard)
- « Voyage au cœur de la bête » (Sammuel Dunn, sociologue, reportage télévisé sur la musique metal)
- « L’Age du Metal » (Père Robert Culat – Editions Camion Blanc, septembre 2007)
- « Rock n’roll Babylone – 50 ans de sexe, de drogue et de tragédies » (Gary Herman – Edition Denoël – X-trème - Octobre 2005)
- « Cabala Led Zeppelin Occulte » Pacôme Thiellement – Préface de Philippe Manœuvre, éditions Hoëbeke, 2009- « Une histoire musicale du rock » Christ
Merci pour ce second billet intéressant...
RépondreSupprimerUn petit regret: dans la première partie historique, alors que les entrées consacrées au hard rock, au heavy et au thrash accordent une large part à leurs caractéristiques proprement musicales, l'analyse de celles-ci disparait presque au profit d'anecdotes et de faits divers, et de considérations "idéologiques", certes réelles et importantes, mais bien connues et constituant un type d'approche différent, dans les entrées suivantes (death et black notamment), même si certains des aspects musicaux du death et du black sont évoqués par la suite dans la partie "Eléments conceptuels du metal". Ca n'est pas super grave en soi, mais ça détonne avec l'angle "musicologique" de l'article, et donne l'impression d'un statut particulier du metal extrême, qui serait plus difficile à appréhender en tant que musique qu'en tant qu'idéologie, ce que je trouve curieux.
Pour ma part,je comprends de mieux en mieux l'esprit du metal que remet en cause le collectif et aussi les "méthodes musicales" mises en oeuvre. Ce que jen comprend, pour l'essentiel, c'est que la construction de la musique n'est pas neutre, je ne parle pas ici bien sûr des guimauves invitées sur les plateaux de télé drucker. Apprendre à écouter et à discerner me semble par conséquent indispensable pour rester libre : faire l'impasse sur cette démarche, n'est-ce pas au final, en tout cas pour moi, se laisser dominer par ses émotions, son ressenti ?
Supprimer@ Darth Manu
Supprimer"un petit regret: dans la première partie historique, alors que les entrées consacrées au hard rock, au heavy et au thrash accordent une large part à leurs caractéristiques proprement musicales, l'analyse de celles-ci disparait presque au profit d'anecdotes et de faits divers."
J'avoue que ça a été assez difficile d'écrire cet article en dissociant et d'une part les considérations factuelles historiques propres à certains artistes (à l'origine des évolutions), et les éléments conceptuels du metal. Mais je ne voyais pas trop comment faire, surtout que j'estimais d'une importance capitale d'insister sur les caractéristiques musicales propre au metal.
"Ca n'est pas super grave en soi, mais ça détonne avec l'angle "musicologique" de l'article, et donne l'impression d'un statut particulier du metal extrême, qui serait plus difficile à appréhender en tant que musique qu'en tant qu'idéologie, ce que je trouve curieux."
C'est que... je ne suis pas musicologue, ni musicien (même si j'ai trop baigné dedans)... Décrypter les caractéristiques de la musique est un exercice vraiment difficile, et à mon sens plus difficile que de décrypter une idéologie (enfin... en théorie) :). Il y a tout un vocabulaire de spécialiste auquel je suis bien loin d'être aguéri.
"Merci pour ce second billet intéressant"...
Merci à toi également! Ca marche les cours de guitare ??? ;)
"Apprendre à écouter et à discerner me semble par conséquent indispensable pour rester libre : faire l'impasse sur cette démarche, n'est-ce pas au final, en tout cas pour moi, se laisser dominer par ses émotions, son ressenti ? "
SupprimerNous sommes sur la même longueur d'ondes! Vous avez parfaitement raison. Je n'ai rien à rajouter...
@Etienne: "C'est que... je ne suis pas musicologue, ni musicien (même si j'ai trop baigné dedans)... Décrypter les caractéristiques de la musique est un exercice vraiment difficile, et à mon sens plus difficile que de décrypter une idéologie (enfin... en théorie) :). Il y a tout un vocabulaire de spécialiste auquel je suis bien loin d'être aguéri."
SupprimerSans aller jusqu'à l'analyse musicologique (qui dépasse mes propres compétences), un bref rappel sur leurs caractéristiques musicales (par exemple pour le black tremolo picking, chant crié, etc.) tel que celui que tu fait pour le hard rock, le heavy et le thrash aurait été suffisant et n'aurait pas donner cette impression de léger désiquilibre, sachant qu'il ne s'agit pas de dissocier genése musicale et idéologie de départ, les de les considérer en regard. Ce que tu fait très bien pour les autres registres, alors que pour le detah et le black, l'angle musical semble escamoté sous le poids de l'idéologie. Une fois encore, ce n'est pas très grave, d'autant que tu en parles un peu après, mais ça me faisait sourire.
Pour la guitare, ça avance à petits pas, mais ça avance. Cela dit, il va falloir encore plusieurs années avant d'espérer me voir sur scène au Hellfest (en corpse paint, cartouchière et bracelets à points sur la scène The Temple, bien sûr!)... ;)
@Georges: précisément, examiner les paroles et l'idéologie apparente non pour elles-mêmes, mais en contexte et en lien avec l'évolution musicale est la meilleure manière d'éviter de se laisser dominer par les émotions et le ressenti.
@ Darth Manu,
SupprimerAux paroles, n'y a t-il pas lieu d'ajouter la mélodie, l'harmonie,le rythme les visuels pour apprécier le tout et par conséquent discerner ? Pour ma part, le contexte n'est certes pas à négliger pas plus que l'évolution musicale ( reste à savoir ce que ce q signifie) mais pas moins que l'idéologie ou l'intention moins apparentes qu'il peut y paraître au premier abord.
Certes, mais j'ai du mal à voir en quoi l'énumération de tous ces paramètres constitue une objection à mon commentaire initial...
SupprimerJe ne suis pas un spécialiste du metal et c'est donc intuitivement que j'y trouvai quelques motifs d'interrogation, en particulier concernant la construction de cette musique, les visuels utilisés,le volume et la distorsion que vous évoquez, les thématiques abordés et la façon de les traiter, je pense ici aux groupes que vous citez/satanisme et/ou à l'anti christianisme.
RépondreSupprimerUn certain nombre de réponses me sont apportées et argumentées qui plus est.
Donc, merci.
Déicide, vous le classez dans quelle catégorie ? C'est vrai que c'est hallucinant et j'ai en mémoire le reportage réalisé par Télé Nantes & Radio Fidélité en 2010 au cours duquel Déicide était présenté comme un représentant de l'anti christianisme et du satanisme et en même temps comme le fruit d'une évolution de plus en plus violente.
RépondreSupprimerCraddle Of Filth, cela ne fait pour moi aucun doute et ce blog s'en était déjà fait l'écho.
De mieux en mieux vos posts : il était temps d'aborder le metal sous cet angle aussi.
Deicide fait partie de la scène death metal floridienne.
Supprimer@ Spartacus
SupprimerPour spoiler les "Grosses têtes": Bonne réponse de Kaka. C'est un des quatre groupe fondateur du genre "death"
http://www.spirit-of-metal.com/biographie-groupe-Deicide-id_bio-77-l-fr.html
Je ne peux que féliciter l'auteur de ce post et du coup le collectif pour s'être ouvert à cette étude factuelle et non idéologique du rock et du metal. Mais ceci dit :
RépondreSupprimerJ'ose une proposition : et si, après 40 ans, le metal n'était pas déjà vieux et quelque part à côté de ses pompes ? Je veux dire par là à lire les commentaires : le positionnement du metal( remise en cause de la culture dominante, provocation et totale liberté d'expression, anti religion mais qd même essentiellement anti chrétien, et je précise celui revendiqué en tant que tel, n'était pas finalement très bobo ? Et par conséquent, question subsidiaire, votre engagement sur ce dossier, dont je crois percevoir malgré tout l'utilité, n'accorde t-il pas trop d'importance à ce qui pour moi apparaît déjà comme le passé ?
Vous avez le nez fin Etienne ! C'est effectivement un vrai sujet qui nous "tarraude" quelque peu mais que nous avons placé dans la "file en attente des projets en entrée" comme s'expriment quelquefois les informaticiens.
SupprimerSi nous avons situé notre engagement dans la durée, ce n'est pas pour rien !
Au fil des commentaires qui nous ont été adressés ( nous ne les avons pas tous publiés au regard de leur contenu mais les avons conservés), il apparaît en effet que le culturellement correct a gagné des metalleux, aussi.
C'est tout l'intérêt des interventions conjointes de Etienneweb qui s'y connaît en metal et en rock ET de nos propres interventions et interpellations.
Si le metal dont il est question et que nous critiquons est, culturellement et spirituellement parlant, du domaine du passé, il n'empêche qu'il est aujourd'hui subventionné et que plus tôt finira la farce, mieux cela vaudra !
Nous pouvons ici témoigner que notre action, finalement discrète et sans publicité excessive c'est le moins que nous puissions écrire, nous dépasse.
C'est ainsi que nous sommes intervenus récemment à un colloque rassemblant plusieurs dizaines de personnes et pour la plupart des acteurs impliqués dans la vie sociale : petit à petit...
"et si, après 40 ans, le metal n'était pas déjà vieux et quelque part à côté de ses pompes ? Je veux dire par là à lire les commentaires : le positionnement du metal( remise en cause de la culture dominante, provocation et totale liberté d'expression, anti religion mais qd même essentiellement anti chrétien, "
SupprimerMalraux disait: « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas. »
Ce qui s'est passé à la fin du XXème siècle et au début du XXème siècle a confirmé ses dires entre la révolution iranienne, le rôle de l'église dans la chute du régime communiste polonais puis son retour en force dans la société post-communiste, les relations incestueuses entre la fédération de Russie (l'Etat) et l'église orthodoxe:
http://www.eurasiareview.com/05062012-russias-state-church-analysis/
http://news.yahoo.com/punk-bands-arrest-heart-growing-feud-over-putin-070701789.html
Ou encore le soutien de la droite religieuse à l'ancien président, mais aussi à des candidatures à l'investiture républicaine...
http://www.liberation.fr/monde/010155718-bush-reste-fidele-a-la-droite-chretienne
Je ne parle pas de la récente réforme constitutionnelle hongroise...
http://www.lemondedesreligions.fr/actualite/la-hongrie-en-perte-de-democratie-04-01-2012-2160_118.php
Et rien ne dit que la France ferait office de village gaulois:
« L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » Nicolas Sarkozy lors du discours du Latran
http://www.lefigaro.fr/politique/2007/12/21/01002-20071221ARTFIG00011-sarkozy-defend-les-racines-chretiennes-de-la-france.php
ou plus récemment en Tunisie:
http://www.tunisiefocus.com/politique/2-23745/
Et israel pour terminer:
http://www.slate.fr/story/46561/israel-haredim-catastrophe-economique
Alors voilà la véritable raison d'exister du black metal ; un contre-pouvoir face à l'autorité spirituelle établie, qui s'inscrit ainsi dans la tradition anti-autoritaire du rock.
(j'exclus le NSBM qui n'est pas dans l'esprit de l'individualisme du black metal)
"et je précise celui revendiqué en tant que tel, n'était pas finalement très bobo ?"
Le sempiternel "bobo"... L'argument classique du polémiste réactionnaire pour montrer du doigt les progressistes qui ne peuvent être selon eux que des gens riches et loin des réalités que vivrait le "vrai" peuple... Un argument ad hominem mille fois vu sur internet...
Sinon, il y a bien un black metal hipster mais bien loin d'un marduk ou d'un dark funeral. Cette vague de black metal ajoute des influances post rock et shoegaze. Les thématiques sont plus proches de l'exaltation de la nature, l’onirisme, la mélancolie, et lorsqu'il s'agit de religion, ce sera plutôt proche d'une spiritualité dans une logique de retour à la nature mais pas d'appel à aller brûler des églises car les incendies criminels en Norvège sont liés à des problèmes culturels, religieux, historiques, et sociaux propres à ce pays.
Mais je doute que les groupes de crust, de grindcore, les groupes de sludge metal les plus proches du hardcore, ou les musiciens de projets black metal underground expérimentaux dont le line-up interdit de se produire sur scène soient bobos...
A lire et à méditer quand on évoque le prêt à penser et les faiseurs d'opinion:
Supprimerhttp://www.lefigaro.fr/international/2012/10/17/01003-20121017ARTFIG00726-dans-le-monde-les-chretiens-sont-les-plus-discrimines.php
http://www.bvoltaire.fr/ericbrunet/36-300-journalistes-de-gauche,1939
Je s'éloigne malgré tout du sujet
@ Pascal,
SupprimerEn effet, on s'éloigne et y sommes pour quelque chose.
Merci en tout cas pour votre commentaire.
@ RedMetalhead,
"la véritable raison d'exister du black metal ; un contre-pouvoir face à l'autorité spirituelle établie". On est bien ok avec vous et c'est pour cela que le bm bascule pour une part non négligeable dans l'anti christianisme et le satanisme évoqué par nombre de commentateurs comme une religion : y'a comme un pb.
"Le sempiternel "bobo"... L'argument classique du polémiste réactionnaire pour montrer du doigt les progressistes qui ne peuvent être selon eux que des gens riches et loin des réalités que vivrait le "vrai" peuple... Un argument ad hominem mille fois vu sur internet..."
Si ce thème revient si souvent, peut-être qu'il correspond à une réalité : ce ne serait pas la première fois que l'intellengentsia politique et médiatique manifesterait son éloignement/réalités du terrain.
A observer les débats sociétaux majeurs en france, dont celui particulièrement d'actualité du mariage pour les personnes de même sexe, cela apparaît comme le nez au milieu de la figure nous semble t-il. Et d'ailleurs, depuis la mobilisation "populaire" sur ce sujet, les sondages ne donnent plus raison à cette intellengentsia avec un retournement de l'opinion. Comme quoi...
Mais on s'éloigne encore...Revenons y donc
Cordialement
@ Etienne, Red, PHCS
SupprimerComme chacun le souligne judicieusement, il y a un vrai questionnement sur les relations entre musique et religion... J'aurai l'occasion d'y revenir, car il me semble que la question est "de quelle religion parlons nous ?"
Je suis persuadé que, comme le souligne Red, la clef pour comprendre ces oppositions entre chrétiens et satanistes (mais pas que) se situe sur le terrain de la nature de la religion. Je ne veux pas trop en dire pour l'instant, parce que j'ai l'intention d'y consacrer un billet.
Néanmoins, et comme le souligne Etienne, en quarante ans de metal, il y a pas mal d'eau qui a coulé sous les ponts, et comme je l'avais expliqué dans certains de mes commentaires (pas mes articles), le rock et le metal sont entrés dans les moeurs. Ceux qui écoutaient du hard de Led Zep hier sont aujourd'hui à la retraite ! On ne peut effectivement passer à côté de ce genre de donnée...
"Si ce thème revient si souvent, peut-être qu'il correspond à une réalité : ce ne serait pas la première fois que l'intellengentsia politique et médiatique manifesterait son éloignement/réalités du terrain.
SupprimerA observer les débats sociétaux majeurs en france, dont celui particulièrement d'actualité du mariage pour les personnes de même sexe, cela apparaît comme le nez au milieu de la figure nous semble t-il. Et d'ailleurs, depuis la mobilisation "populaire" sur ce sujet, les sondages ne donnent plus raison à cette intellengentsia avec un retournement de l'opinion. Comme quoi..."
Je sais que je m'éloigne mais je ne suis pas sur de m'être fait comprendre: le terme "bobo" est utilisé par des polémistes et éditorialistes réactionnaires pour désigner et stigmatiser toute personne ne pensant pas comme eux sans distinction d'origine sociale et de revenus. Idem pour les trolls d’extrême droite qui infestent les commentaires des sites de presse.
Un commentateur sur Rue89:
"Je conseille a tous de lire « What’s the matter with Kansas » How Conservatives Won the Heart of America (2004) de Thomas Frank, un ex-conservateur.
Il critique très justement la superficialité de la catégorisation du monde par Brooks, au service des neocon américains. Le terme bobo a servi la campagne de GW Bush. Il s’est développé en France n’importe comment, sous un effet de mode et sans en voir l’idéologie qui le soutenait, profondément réactionnaire. C’est un pur produit marketing neocon pour définir ce qui est « real america » et ce qui est étranger a la vraie Amérique ancrée dans la réalité. C’est exactement la même définition en France, le cote « real america » en moins. Mais l’opposition du « bobo » déconnecté de la réalité, ouvert mais pas vraiment au fond, avec tout ces cliches énumérés ci-dessus permet de dénigrer/dévaloriser dans la foulée toute réflexion ou mouvement anti-conformiste, « droit de l’hommiste » ou plus ou moins écologique (le vélo, par exemple, devenant du jour au lendemain dans l’imaginaire collectif et grâce a l’association de ce mot avec le mot bobo par quelques éditorialistes réac mais avec pignon sur rue, le moyen de déplacement le plus snob de paris ; idem pour le fait de ne pas posséder de télé, etc.)
Brooks explique le bobo sur le principe de la « cafétéria du lycée », ou l’on choisit délibérément le groupe dans lequel on s’inscrit : goth, punk, grunge, rap, geek, etc. Les bobos sont l’un de ces groupes, et les attributs qui vont avec (cappucino, la Volvo, le voyage en europe, l’urbanité, etc.) sont des choix. D’après Brooks, tout le monde a le choix a la base, et les « vrais américains » (comme par hasard en grande majorité ceux qui se reconnaissent dans ce terme sont les pauvres moins éduqués, qu’il fallait convaincre de voter a droite) font ce choix alors que les bobos (ces affreux libéraux) sont des « faux » citoyens...."
Suite au prochain message...
Suite:
SupprimerPour revenir au sujet, le black metal a mûri, contrairement à ce que vous prétendez: L'époque de l'inner circle est terminée. il y a certes certains groupes qui se la jouent power rangers de l'enfer. Mais je n'ai jamais entendu d'histoire de "true black metal warriors" donnant l'assaut a des églises. L'autorité spirituelle est remise en cause aussi de manière philosophique comme pour Otargos avec un album titré "no God, no Satan", mais aussi avec les résurgences du paganisme qui revient après une évangélisation qui n'a pas toujours passée dans la paix et l'amour (chevaliers teutoniques et autres déportation de populations saxonnes). On peut aussi parler de l'athéisme militant de dunkelnacht sur lequel vous aviez tapé alors qu'ils seront toujours plus intélligent qu'un marduk.
Sinon, ne vous occupez pas de dimmu burger ou de cradle of frites qui ne sont méprisés par beaucoup de fans de black metal à cause de leur aspect commercial et leur collection de clichés.
http://i3.kym-cdn.com/photos/images/original/000/329/955/569.jpg
Ps: Pourquoi Etienneweb n'a-t-il pas parlé des films d'épouvante à propos du death metal? Car c'est là que se trouve la principale inspiration au niveau imagerie et paroles!! Et pour beaucoup de groupes de death, le seul satanisme dont ils parlent est un satanisme de nanard d'épouvante. (par exemple: cannibal corpse)
http://www.nanarland.com/Chroniques/Main.php?id_film=killingofsatan
Vous évouquez l'évolution du metal : on ne l'a jamais nié puisque nous l'avons à maintes reprises. Il est bon aussi de rappeler que le metal n'a que 40 ans : comparéativement aux 2000 ans du christianisme...
SupprimerA lire un certain nombre de commentaires sur ce blog mais aussi ailleurs, le côté commercial et financier envahit aussi ce genre musical, très loin donc de l'esprit de "contestation de l'ordre établi" ou de la culture dominante occidentale dont il n'aura échappé à personne la prééminence de l'argent et d'un autre l'omni présence des chrétiens auprès des plus pauvres et des plus démunis.
Si le genre metal a évolué, il conviendrait de considérer aussi l'évolution de l'église depuis les chevaliers teutoniques. Et par conséquent ne pas jauger d'une situation à l'aune de notre époque quand les faits, eux, remontent à plusieurs siècles. L'inner crcle, c'est notre époque en rajoutant que d'autres dérapages, pour faire soft, se sont produits depuis.
Etienneweb a raison : il va bien falloir que nous entrions AUSSI dans l'échange concernant la religion et les religions. Mais c'est un vrai sujet qui mérite que nous l'abordions en tant que tel.
"Si le genre metal a évolué, il conviendrait de considérer aussi l'évolution de l'église depuis les chevaliers teutoniques."
SupprimerSi l'église a évolué, c'est uniquement par la force des choses. (par exemple lorsque Garibaldi, (anticlérical mais pas antireligieux) a supprimé les Etats pontificaux)
de plus, l'Eglise se base sur un texte censé être immuable écrits en des temps immémoriaux...
"culture dominante occidentale dont il n'aura échappé à personne la prééminence de l'argent et d'un autre l'omni présence des chrétiens auprès des plus pauvres et des plus démunis."
Aux Usa, lorsqu'on vote pour la cité de Dieu (ou en tout cas ceux qui s'en réclament), on a droit aux mesures de déréglementation de la finance, aux réductions d'impôts qui profiteront surtout aux riches, aux mesures de privatisation des services publics jusqu'à l'armée (avec des contractuels de chez blackwater plutôt que des soldats de l'armée régulière), et au système pénitentiaire (avec des prisons cotées en bourse). Cherchez l'erreur...
Et le culte de l'argent roi n'est pas l’apanage de l'Occident: Regardez Dubaï, ou la pluspart des monarchies pétrolières comme l'Arabie Saoudite dans lesquelles des familles princières peuvent crouler sous les pétrodollars. Et la théocratie aide à éviter une révolte populaire...
"le côté commercial et financier envahit aussi ce genre musical"
pour le metal classique, l'industrie du disque s'est certes emparé très vite du genre mais lorsque la bulle du glam metal a éclaté à la fin des années 80, le metal en général a pris un tournant "semi-underground", car les majors se sont moins interressées au genre sauf pour quelques groupes de néo metal et Manson plus quelques niches avec le label raodrunner records chez Sony qui doit être quand même assez regardant sur la qualité.
Le black metal restera toujours une niche car même dimmu borgir ne pourra pas être consensuel musicalement et donc Cradle Of Filth vendra toujours moins qu'une formation pop.
"L'inner circle, c'est notre époque en rajoutant que d'autres dérapages, pour faire soft, se sont produits depuis."
L'inner circle était tellement sectaire qu'il se réservait le droit de dicter qui avait pouvait jouer du metal extrème et qui n'avait pas le droit. Ils sont allés jusqu'à envoyer des menaces de mort à Glen Benton qui pourtant n'a pas brillé par sa sympathie envers le christianisme.
De plus, la norvège est un cas particulier: une société ne souffrant pas de problèmes économiques et sociaux particuliers et avec une grande solidarité, mais aussi avec un fort contrôle social et donc lorsqu'il y a des malaises refoulés, ça fait comme un autocuiseur avec la soupape de sécurité bloquée...
http://dico-cuisine.fr/images/Autocuiseur_DC_t.800.jpg
Et si finalement le black metal avait dans son esprit, le refus de TOUTE autorité spirituelle?
Car tout bien réfléchi, on y trouve aussi bien des groupes païens, des groupes d'occultistes, d'autres qui agitent des hochets avec des croix de Saint-Pierre pour faire peur au brave parroissien, mais aussi des groupes d'unblack metal qui cherchent à porter la bonne nouvelle dans une musique froide et brutale.
Et de l'autre coté des groupes qui expriment leur scepticisme quant à l’existence d'une entité supérieure ou qui tiennent un discours antithéiste.
Et après tout, le responsable du premier projet d'unblack metal, Horde, vit aussi dangereusement que les acteurs de la vague de black metal du début des années 90...
Et il a le même gout de la controverse.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Horde_(musique)
Vraiment intéressant cet échange !
Supprimer"l'Eglise se base sur un texte censé être immuable écrits en des temps immémoriaux.."
Un texte donc qui a traversé des millénaires et qui inspire encore aujourd'hui tant de croyants dans le monde, les dernières statistiques faisant d'ailleurs état d'une progression du nombre de chrétiens et plus encore de catholiques dans le monde.
Mais en réalité, ce n'est pas un texte mais plusieurs et plus important encore une parole vivante. Certes, il faut avoir la foi pour comprendre et adhérer. Mais c'est ainsi : l'église n'est pas une institution figée dans le marbre : elle st vivante !
"Aux Usa, lorsqu'on vote pour la cité de Dieu (ou en tout cas ceux qui s'en réclament), on a droit aux mesures de déréglementation de la finance, aux réductions d'impôts qui profiteront surtout aux riches, aux mesures de privatisation des services publics jusqu'à l'armée (avec des contractuels de chez blackwater plutôt que des soldats de l'armée régulière), et au système pénitentiaire (avec des prisons cotées en bourse). Cherchez l'erreur..."
Parce que vous croyez que du côté des démocrates, la liberté de conscience ou la démocratie sont plus respectées ? Ou que les puissances d'argent et médiatiques plus honnêtes ? Pour ce qui nous concerne, notre boussole est et restera la même : l'Evangile et l'enseignement social de l'Eglise : cela évite bien des positionnements idéologiques et partisans. mais encore faudrait-il y regarder de plus près et ne nous pouvons qu'à vous y engager.
"Et si finalement le black metal avait dans son esprit, le refus de TOUTE autorité spirituelle?"
On va voir quelle réponse va apporter Etienneweb à cette question mais pour nous, nous faisons bien la part des choses entre ce qui est du domaine de l'ordre spirituel et de l'ordre temporel. Si nous nous positionnons en tant que chrétien, vous aurez observé que nos arguments, notre prise de parole et notre action ne se revendique pas sur des aspects confessionnels.
Et que l'on veille ou non, l'esprit inspire toujours l'action, sauf à être complètement soumis à la chair.
"Et après tout, le responsable du premier projet d'unblack metal, Horde, vit aussi dangereusement que les acteurs de la vague de black metal du début des années 90..."
Nous étions au courant de cette histoire. elle a pris fin rapidement
Merci à vous etienneweb : ayant lu vos précédents posts, j'ai dévoré celui-ci! J'en profite pour saluer le collectif pour s'être enrichi de votre collaboration : en terme d'ouverture et de dialogue : bonne pioche !
RépondreSupprimerMerci à vous et revenez quand il vous plaira.
Supprimer@ Raspoutine
SupprimerVous me voyez flatté d'enrichir le collectif de ma collaboration ! Merci pour vos encouragements.
En UDP
Article interessant, à plus forte raison pour ceux qui ne connaissent pas bien les origines du genre, ou n'en connaissent que le coté négatif habituellement mis en lumière ici. On voit que vous avez bien potassé votre bibliographie.
RépondreSupprimerVous avez même appris au guitariste que je suis l'existence du "Master Volume" de Marshall. J'ignorais que cette 1ère série d'ampli hard rock (qui a, semble-t-il, succédé au "Plexi" '59 vénéré par la 1ère génération de rockeurs (Hendrix et Angus Young par ex) et donné naissance aux 1ères têtes avec le son metal typique que l'on connait aujourd'hui) portait le nom de ce qui est devenu plus tard... un simple bouton! (Bouton qui a sauvé les oreilles de bien des musiciens du dimanche et pacifié les rapports avec leurs voisins, vu que les 1ers n'ont plus eu besoin de jouer, comme vous le précisez, à +120dB pour tirer le meilleur de l'ampli).
Bref, j'attend la suite ou cette fois, vous nous direz apparemment pourquoi le rock "cay mal" ;).
Merci!!!
SupprimerEt je ne pensais pas du tout vous apprendre quelque chose sur les amplis Marshall!
Je suis donc ravi que cet article vous ai plu. Ca me met la barre élevée pour le reste!
Hyper intéressant ! C'est quand la suite ?
RépondreSupprimerD'ici une quinzaine de jours au pire!
SupprimerMerci pour vos encouragements.
Super, vraiment ! J'attends avec impatience la suite. Heureusement, il ne reste a priori que quelques jours.
RépondreSupprimeril est dommage que dans cet article est laissé de coté plusieurs style de metal qui sont intéressant qua ce soit d'un point de vu de style (exemple le speed metal ou le metal progressif) comme du point de vu imagerie (la je parlerai plus de sabbaton ou du metal symphonique tel que blind guardian qui fait de grande référence au Tolkien, ou rapsody qui a crée une grande fresque de fantasy sur plusieurs albums)
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