8 avril 2011

TRIBUNE DU PCD

Cette réaction s'ajoute à celle de Sandra BUREAU.

Le 8 avril 2011

En juin aura lieu pour la 5e fois le festival Hellfest, « fête de l’enfer », à Clisson. L’an dernier le PCD avait réagi contre le maintien de certains groupes par les voix de Christine Boutin, présidente du PCD, du député UMP-PCD des Yvelines Jean-Frédéric Poisson et du délégué régional Pays-de-Loire Charles-Henri Jamin. Cette année, le PCD renouvelle son appel et se joint au collectif « Provocs hellfest, ça suffit ! » pour mettre en garde contre la programmation du festival. En effet, le Hellfest forme une scène musicale dont la thématique nécessite une très grande responsabilité de la part de ses organisateurs.
Le PCD est heureux des annulations des groupes Satanic Warmaster en décembre et Anal Cunt en mars dont certains titres faisaient une apologie nauséabonde du nazisme et de la pornographie. Ces annulations faites sous la pression d’associations d’anciens déportés et résistants et d’autres groupes métaleux marquent un grand manque de discernement et de conscience de la part des organisateurs. Même sous le couvert de la provocation, on ne peut banaliser de tels propos. Mais est-ce suffisant ? D’autres groupes ont des chansons aux paroles violentes, haineuses, pornographiques, satanistes, voire d’appel au meurtre, le tout ouvertement christianophobe. Hélas la liste semble longue. On peut citer les groupes Belphegor, Mahyem et Triptykon. La lecture de leurs paroles est véritablement écoeurante et nous interpelle.
Leurs attaques sont dirigées vers la foi chrétienne et les croyants. Que dirait-on s’il s’agissait des confessions juive ou musulmane ? Dans le cas du Hellfest, le silence est assourdissant pour celui qui veut bien entendre. Nous avons beaucoup parlé de la laïcité ces dernières semaines. Où est-elle cette laïcité qui rappelle au sein de notre pays le respect serein de toute croyance ?
Peut-on soutenir que ce ne sont que des propos humoristiques, décalés, au second degré ou provocateurs ? Leur récurrence et leur violence assumée prouvent le contraire. Mais il ne faut pas non plus tout confondre. La culture métal est vaste et comporte de nombreuses sensibilités et expressions. En revanche, celle que nous pointons à travers les dérives du Hellfest n’est pas admissible. Il est triste de constater que l’accent donné ici à la culture métal conduise inévitablement à une culture de violence, d’autodestruction, de haine religieuse et de mort. Même si les participants ne comprennent pas toujours les paroles des chansons, elles n’en sont pas moins prononcées et assumées. Les images et les sons de telles manifestations peuvent aussi influencer les plus jeunes et les plus fragiles, la Miviludes ne manque pas de le rappeller. Un climat délétère et nauséabond ne peut qu’entourer toute la programmation de cette nouvelle édition, dont l’affiche marque encore la provocation foncière qu’entretient le Hellfest…
Où est ici la créativité artistique ? Nous sommes bien loin d’une simple apologie de la transgression ! Quel rôle veut-on donner à la culture ? La violence envers autrui n’est pas une culture ! Quelle société veut-on ? Notre monde compte assez de violence, de souffrance, de haine, de barbarie et de mort ! Nous devons au contraire oeuvrer pour bâtir une civilisation sereine et fraternelle dans la vérité et dans un respect mutuel et citoyen. La recherche du bien commun et du respect de tout homme doivent primer. C’est le rôle du politique dans son sens le plus profond.
La liberté d’expression ne peut empiéter sur le respect dû à autrui, encore plus quand c’est avec une telle violence, fût-elle artistique ou provocatrice. La tolérance ne peut l’accepter. La loi française est claire : « Seront punis (…) ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement » (article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté d’expression). L’article 23 stipule bien les « discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics ».
Le PCD s’oppose pour toutes ces raisons avec force et demande le retrait immédiat des groupes concernés. Il lance un appel aux élus de la mairie de Clisson, du conseil général de Loire-Atlantique et du conseil régional des Pays de la Loire, au préfet de Loire-Atlantique et aux sponsors privés afin qu’ils exercent toute leur vigilance, exigent des organisateurs l’annulation des groupes dont les paroles sont inacceptables sur la place publique et suspendent immédiatement leur soutien financier. Aucune subvention publique ne doit en l’état venir cautionner le Hellfest.
À défaut de réaction responsable et citoyenne des organisateurs, ne serait-il pas légitime de poursuivre les actions sur le terrain judiciaire ? Au-delà d’un festival respectueux de tous, notre société le mérite. La question est posée…

Vivien Richard, Secrétaire National du PCD à la Culture
Nathalie Poirier, Conseillère régionale UMP-PCD des Pays-de-la-Loire
Blandine Krysmann, Déléguée PCD pour la Loire-Atlantique